Les inscriptions pour la seconde édition du Cyber Africa Forum – qui aura lieu les 9 et 10 mai prochains à Abidjan– sont ouvertes. L’occasion pour Franck Kié, commissaire général de l’évènement, de revenir avec « 14 km » sur le premier volet organisé en juin 2021 et d’aborder les défis futurs pour l’Afrique en termes de cybersécurité. Rencontre.
POURRIEZ-VOUS VOUS PRÉSENTER ET NOUS PARLER DE VOTRE PARCOURS ?
Je suis Franck Kié, consultant en cybersécurité, président et fondateur de Ciberobs « Make Africa safe », une plateforme spécialisée sur la cybersécurité en Afrique. Je suis également commissaire général du Cyber Africa forum (CAF), un événement dédié et spécialisé sur les risques de la cybersécurité en Afrique et j’interviens par ailleurs en tant que panéliste et modérateur sur différentes sessions, webinaires ou publications en lien avec la cybersécurité et l’intelligence économique de façon générale.
Je suis diplômé de l’école de guerre économique de Paris, de New York University et de Warwick, où j’ai étudié les relations internationales et la sécurité internationale. Après avoir passé plusieurs années en cabinet de conseil financier, je cherchais à me réorienter professionnellement. Je me suis donc redirigé vers le domaine de la cybersécurité.
VOUS AVEZ LANCÉ LA PREMIÈRE ÉDITION DU CYBER AFRICA FORUM LE 7 JUIN DERNIER. QU’AVEZ-VOUS RETENU DE CETTE PREMIÈRE INITIATIVE, ET POUVEZ-VOUS CONSIDÉRER QUE VOS OBJECTIFS ONT ÉTÉ ATTEINTS ? DANS QUELLES MESURES ?
Pour nous l’essentiel était de pouvoir mettre les risques de cybersécurité au cœur des enjeux de l’Afrique et je peux dire que dans cette mesure, nos objectifs ont effectivement été atteints. En termes de participation, nous avons été très satisfaits car il y avait plus de 700 participants, ce qui a dénoté un réel engouement des personnes et des populations sur le sujet. Nous avons également eu des partenaires et sponsors de premier plan et de haut niveau comme le cabinet Deloitte, Huawei, MTN ou encore Ecobank mais aussi des institutions telles que la CEDEAO, ce qui montre que celles–ci sont intéressées et impliquées dans cette problématique.
En termes de décideurs publics, deux des ministres de l’économie numérique de la sous–région –de Côte d’Ivoire et de Guinée– ont été présents, et ce malgré le contexte Covid. Nous avons aussi eu des speakers du secteur public et privé, de Côte d’Ivoire, de la sous–région, d’Afrique et du monde.
NOUS POUVONS DONC DIRE QUE VOTRE ÉVÈNEMENT A EU LE RETENTISSEMENT ESCOMPTÉ.
Notre objectif était de pouvoir être un catalyseur et un élément déclencheur pour structurer l’écosystème cybersécurité en Afrique. Effectivement, quelques mois après, on a pu constater que certains participants et speakers présents à notre évènement avaient organisé leurs propres forums. Le Cyber Africa Forum a eu lieu en juin 2021 et dès le mois de septembre qui a suivi, il y eut un évènement à Brazzaville. En octobre dernier, il y en aurait eu un à Lomé, et la ville de Libreville accueillera pareillement une rencontre en février prochain sur le sujet.
Nous sommes heureux que le Cyber Africa Forum puisse permettre à d’autres initiatives d’essaimer et de découler de ce que nous avons fait et espérons que cela participera au renforcement de cette problématique en Afrique.
LORS DU CONSEIL DES MINISTRES DU 22 DECEMBRE DERNIER, LE PRÉSIDENT IVOIRIEN ALASSANE OUATTARA A INDIQUÉ DÉBLOQUER LA SOMME DE 18 MILLIARDS DE FCFA POUR LUTTER CONTRE LES ARNAQUES SUR INTERNET. À CELA, IL A ANNONCÉ LA CRÉATION D’UN CONSEIL NATIONAL DE CYBERSÉCURITÉ, ET D’UN CENTRE OPÉRATIONNEL DE SÉCURITÉ. D’APRÈS VOUS, QUE PEUT-ON ATTENDRE DE CETTE DÉMARCHE?
On peut en attendre un renforcement des capacités et des moyens de cybersécurité et de cyberdéfense en Côte d’ivoire. C‘est une initiative qui est à saluer et qui va dans le sens de ce que nous promettons chez Ciberobs, à savoir la mise en place de gouvernance, l’investissement dans des infrastructures et surtout dans la formation et les ressources humaines.
Je pense qu’à travers cela, la Côte d’Ivoire joue son rôle de hub digital, de pionnier et d’avant–gardiste sur les questions de cybersécurité. Nous avons hâte de voir la déclinaison opérationnelle de ces mesures dans les prochaines semaines.
QUEL A ÉTÉ POUR VOUS L’ÉVÈNEMENT LE PLUS MARQUANT DE VOTRE CARRIÈRE JUSQUE LORS ?
Sans aucun doute l’organisation du Cyber Africa Forum qui a demandé beaucoup de motivation et de détermination surtout dans un contexte de pandémie. Je voudrais par ailleurs saisir l’opportunité pour remercier et saluer mon équipe et toutes les personnes qui, de près ou de loin, m’ont aidé dans la mise en œuvre de ce projet qui au–delà d’être un simple événement, est un flagship en termes de cybersécurité en Afrique.
QUELLES SONT POUR VOUS LES QUALITÉS ESSENTIELLES AFIN D’ENTREPRENDRE AU SEIN DE CE TYPE DE PROBLÉMATIQUES SUR LE CONTINENT AFRICAIN ?
Je pense qu‘il est nécessaire d’avoir de la curiosité intellectuelle et ne pas avoir peur de mettre les mains dans le cambouis. C’est une démarche relativement entrepreneuriale donc cela exige beaucoup d’abnégation, de motivation et de détermination. Il faut également une certaine résilience et de la créativité pour trouver des alternatives face aux différents problèmes que l‘on peut rencontrer et aux contextes incertains. Et surtout, il faut croire en ce que l‘on fait et en son projet.
L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE EST PERÇUE PAR BEAUCOUP COMME UNE AVANCÉE PROFITABLE EN MATIÈRE DE CYBER-SECURITE. PENSEZ-VOUS QUE CETTE TECHNOLOGIE POURRAIT ÊTRE L’UNE DES RÉPONSES AUX MENACES INCONNUES?
Oui. Cependant cela ne doit pas être la seule réponse. L’intelligence artificielle peut permettre d’anticiper et de répondre à la place de l’homme lorsque celui–ci n’est pas en mesure de le faire, mais elle doit être couplée et accompagnée par des hommes qui maitrisent ces processus.
QUELS SONT VOS PROJETS ACTUELS ET FUTURS ?
Notre prochain projet est l’organisation du Cyber Africa Forum 2022 en partenariat avec Jeune Afrique Média Group, qui se déroulera les 9 et 10 mai prochains, sous le patronage de son Excellence Mr le Premier ministre de la Côte d’Ivoire, et l’appui du ministre de l’économie numérique.
Nous souhaitons lors de cette rencontre mettre l’accent sur les secteur privés et publics, rassembler des décideurs clés, proposer un salon et des interactions business ainsi que des rencontres de qualité.
Nous avons également pour objectif de travailler sur la structuration et le renforcement de contenu de notre plateforme Ciberobs, avec pour projet de monter une fondation qui accompagnera tous nos efforts dans le domaine de la cybersécurité et du digital de façon plus générale.
Aurélie Kouman – Journaliste
© 2021 14 Km – Designed by COMFORDEV
© 2021 14km – Designed by COMFORDEV