Benjamin Mampuya est le co-fondateur de Clipse, une plateforme en ligne qui permet d’accompagner les agences et professionnels dans leurs opérations de communication en relations presse sur le continent africain. Avec 15 ans d’expériences dans ce secteur, Benjamin Mampuya a voulu développer une solution innovante pour faciliter les campagnes de communication de ses clients en Afrique, en proposant plusieurs outils de relation presse regroupés dans une seule application.
14km revient avec lui sur la genèse de Clipse, et sur l’utilité de ce type d’outils pour les relations presse en Afrique.
Je suis le fondateur et président de l’agence Compagnie Générale de Communication (CGC), une agence spécialisée dans la communication sur le continent africain. Et également le co-fondateur de Clipse.me, une startup qui développe une solution en ligne pour accompagner les acteurs de la communication sur le continent africain dans leur campagne.
J’ai toujours travaillé dans la communication, que ce soit dans les agences ou à mon compte. Parmi mes expériences en agences, j’ai fait l’essentiel de ma carrière en tant que consultant, puis directeur Afrique et Moyen-Orient au sein de l’agence parisienne Rumeur publique. Une expérience de 7 ans, avec un portefeuille client important, notamment au Maghreb et en Afrique centrale, dans les secteurs de la politique et de l’économie essentiellement. Cette aventure a été entrecoupée d’une première expérience entrepreneuriale et d’autres passages plus courts en agence.
Ensuite, en 2017, j’ai décidé de créer ma propre agence, que je voulais 100% africaine et qui s’occuperait uniquement des acteurs qui ont des intérêts business ou politiques en Afrique, tout en accompagnant aussi les entreprises et institutions africaines en recherche de visibilité dans les médias occidentaux.
J’ai eu la chance de remplir des missions en communication dans une vingtaine de pays en Afrique, anglophones ou francophones. J’ai notamment participé à quatre campagnes électorales africaines, accompagné des gouvernements et des institutions privés ou publiques dans leurs campagnes de communication.
J’en tire deux constats : le premier, c’est que très peu d’acteurs comprennent l’importance d’avoir une vraie stratégie de communication avec un positionnement clair et des actions qui s’y réfèrent. Ensuite, concernant mes confrères, le marché et les métiers de la communication ne sont pas structurés et encore moins professionnalisés. Tout le monde peut se définir comme communiquant, sans réelle expertise métier ou spécialité.
Il y a très peu d’écoles ou d’instituts en Afrique qui forment aux métiers de la communication. La plupart des communicants locaux sont d’anciens journalistes ou des « self-made men/women ». Mais malheureusement, très peu d’entre eux ont été formés à la stratégie de communication, et aux leviers de l’influence. On peut penser que c’est un problème qui concerne les politiques publiques ou le système éducatif, mais, à partir du moment où la communication reste un marché porteur, qui génère énormément de revenus, le secteur privé peut aussi s’organiser pour mieux former et valoriser ses métiers. Nous, les agences de communication locales ou étrangères qui opèrent en Afrique, avons aussi notre part de responsabilité dans l’état actuel du secteur de la communication.
Clipse est un outil dédié aux communicants, qu’ils soient au sein d’une agence ou en interne dans une entreprise ou une institution. Cette plateforme est née de notre volonté de contribuer à améliorer nos méthodes de travail et le secteur de la communication sur le continent africain. Clipse réunit cinq outils de communication en un : il permet de rédiger un communiqué de presse, de l’envoyer aux journalistes ciblés, selon les thématiques, de faire de la veille pour suivre les retombées médias, de réaliser des revues de presse avec les audiences des médias, et enfin, d’accéder à une base de données de plus 15 000 journalistes. C’est un outil innovant et performant qui apporte aux communicants une réelle valeur ajoutée en termes de gain de temps, car les actions sont automatisées. Cela permet d’assurer une qualité continue dans les actions de communication.
Le manque de base de données de journalistes africains peut s’expliquer par deux facteurs.
Le premier est que le métier de journaliste n’est pas structuré dans tous les pays en Afrique, avec un organisme ou une association en charge de les référencer, d’attribuer des cartes de presse et de défendre leurs droits. L’autre facteur, c’est que la communication presse – ce qu’on appelle les “RP” en Occident – n’était pas réellement considérée par les agences de communication locales, qui se concentrent plutôt sur les services évènementiels ou de publicité. Cibler la presse était secondaire. On ne se contentait que de la voir sous le prisme du per diem.
Aujourd’hui si vous voulez avoir une base de données de journalistes camerounais par exemple, vous ne la trouverez pas. Il faut la constituer vous-même avec les quelques informations que vous pourrez trouver sur internet, ou en sollicitant des contacts que vous avez ici et là. Grâce à Clipse, les communicants peuvent maintenant bénéficier d’un répertoire de journalistes et de médias. Nous l’avons constitué grâce à nos actions de communication sur le terrain et nos réseaux sur le continent. Nous la mettons à jour régulièrement et ajoutons les nouveaux médias, quel que soit le pays. Cette base inclut également les médias étrangers de France ou du Canada qui traitent de l’Afrique.
Nos prochaines étapes seront de poursuivre le développement de la plateforme Clipse. Nous sommes seulement au premier étage de la fusée et il y a encore de nombreux services à venir. Nous avons encore du travail à faire sur notre base de données, élargir notre réseau et nos liens avec tous les médias du continent. Concernant notre secteur d’activité, je considère que notre défi résulte aussi de notre capacité à vulgariser les bonnes méthodes pour structurer et établir des opérations de communication, et réussir à partager notre connaissance du terrain au plus grand nombre. Nous devons aussi poursuivre notre engagement pour l’Afrique, en essayant à notre niveau, de trouver des solutions à la problématique criante du manque de formation aux métiers de la communication sur le continent.
Aurélie Kouman – Journaliste
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