Avec plus d’un million d’utilisateurs et téléchargée dans près de 200 pays, l’application mobile gratuite « Nomad Education », a pour but de fournir une palette large d’enseignement au plus grand nombre, et continue son accélération en particulier en Afrique francophone. Rencontre avec sa dirigeante, Caroline Maitrot.
Oui, j’ai intégré Studyrama en tant que chef de publicité, puis j’ai gravi les échelons jusqu’à la direction générale. On m’y a toujours fait confiance et j’ai tout appris là–bas mais ce n’était pas ma boîte. Il m’a semblé normal que je parte pour créer mon propre projet par la suite. J’étais suffisamment mature et j’avais envie d’avancer de mon côté.
C’est différent. On est quand même plus seul, il n’y a pas de récurrence de salaires et on prend beaucoup plus de risques. Il faut avoir une connaissance globale sur tout, de la finance en passant par le marketing. Ce sont aussi quelques appréhensions, mais je ne reviendrai pas en arrière.
C’est une application mobile gratuite qui ne nécessite pas de connexion internet, disponible sur Google Play et iOS. Elle couvre les programmes du primaire, collège, lycée et de l’enseignement supérieur, aussi bien les formations générales que technologiques ou professionnelles, les BTS licences et DUT. Nous préparons à 450 diplômes.
Elle est disponible dans tous les pays du monde, présente dans 29 pays d’Afrique, et téléchargée dans 200 pays. Notre objectif reste la francophonie, et notre audience principale se situe en Afrique francophone, en France et au Québec.
Oui, nous avons développé une bibliothèque des savoirs thématiques dans laquelle on peut retrouver toutes sortes de domaines : du marketing, du droit ou encore de la comptabilité… Ce sont des programmes qui vont du niveau débutant à celui d’expert, et sont accessibles à tous, notamment aux parents. En 2021, la pluralité de nos enseignements nous a permis de gagner le prix IA de la banque publique d’investissement.
L’éducation est au centre de mes préoccupations. Je viens de la campagne, je suis fille d’un papa qui avait un CAP de couvreur et j’ai toujours eu envie d‘être bonne à l’école car on me disait que c’était important pour progresser dans la vie. J’ai ensuite eu l‘opportunité de faire une prépa et de quitter la Corrèze. J’ai envie de transmettre cette chance.
L’Afrique est venue assez naturellement vers nous. Nous nous sommes retrouvés avec une audience importante très rapidement et avons noté qu’il y avait une vraie volonté d’apprendre et d’investir dans l’éducation. C’est aussi un continent face à de réels besoins, avec une croissance de la population importante et des infrastructures qui n’arrivent pas toujours à suivre ou un manque d’accès à l’école. Le mobile y a très vite pris la place de l‘ordinateur, ce qui est un élément porteur. Nous nous sommes dits qu’il fallait qu’on accélère et que l’on s’intéresse véritablement à ce continent.
Jusqu’en août dernier, nous étions financés par des établissements d’enseignements supérieurs, par les campagnes de prévention du ministère, et par des fédérations qui souhaitaient favoriser l’attraction de leur métier. Cela permet de faire de très belles choses mais ne permet pas de changer les choses.
Aujourd’hui, nous nous positionnons sur autre chose. Tout ce qui est gratuit le restera, mais nous avons créé un abonnement premium dont l’idée est de ré–impliquer les parents dans l’éducation de leurs enfants, et de pouvoir les accompagner aussi au sein des programmes. C’est un abonnement payant qui permet de réussir à l’école mais aussi d’enrichir sa culture et ses connaissances tout au long de sa vie. Notre objectif serait d’avoir 6 millions de membres d’ici fin 2023, 3 millions en France et 3 millions en Afrique.
C’est un substitut s’il n’y en a pas. Je ne crois pas nécessairement à l’e–learning à 100%. De plus en plus de patrons disent que les gens qui réussiront demain seront compétents en « softs skills ». Ces capacités s’apprennent par l’échange, par le sport, dans la cour de récréation ou avec les copains. Je ne souhaite pas forcément d’un monde où tout s’apprend sur ordinateur. La technologie doit être au service de l’humain et la rencontre, mais l’école reste un lieu de socialisation où il est important d’évoluer.
Aurélie Kouman – Journaliste
© 2021 14 Km – Designed by COMFORDEV
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